À partir de la saisie d’indices – c’est-à-dire d’éléments singuliers qui constituent un bruit parasite perturbateur pour une machine – une méthodologie de lecture des signes telle que préconisée par Carlo Ginzburg pour la recherche historique semble pouvoir apporter à de nombreuses expériences collaboratives menées dans le champ élargi de l’art de quoi proposer des expertises et analyses fort pertinentes pour nous aider à contrer ce qu’Antoinette Rouvroy nomme « gouvernementalité algorithmique». Pour autant, loin de s’éloigner des théories scientifiques, ces pratiques enquêtrices, que nous appellerons « art forensique », s’en rapprochent bien plus rigoureusement que l’on pourrait le croire. Si les travaux extradisciplinaires menés par des collectifs comme RYBN, Forensic Architecture ou le duo de curateurs formé par Kate Crawford et Trevor Paglen s’éloignent certes du domaine de l’art, c’est pour mieux rejoindre, à certains égards, celui de la recherche scientifique.