Après 1945, la photographie qui, en tant que médium de témoignage et outil de communication de masse, a toujours servi le désir politique et culturel d’une représentation identitaire commune, s’attache une fois encore à caractériser la nouvelle nation allemande. En zone Ouest, les trois grands pans de la photographie de l’identité allemande que sont le portrait, la photographie de territoire et la photographie industrielle connaissent des destins complexes. Il convient de ne tomber ni dans le nationalisme et l’exaltation, ni dans le pessimisme qui pourrait induire une attitude revancharde à l’égard des Alliés. De plus, l’unité factice et tronquée de l’Allemagne de l’Ouest implique une redétermination du territoire et du peuple et un positionnement complexe par rapport à l’industrie : entre l’attitude de défiance due à la participation des grandes entreprises au régime national-socialiste et une célébration de la vigueur de la nouvelle Allemagne. Comment les photographes font-ils état de ces questions entre 1945 et le début des années 1960 ? Et surtout comment le corps politique de la République fédérale prend-il part aux discussions qui émanent de ces travaux ?