Etre photographe professionnel dans l’Allemagne de l’Ouest des années cinquante est loin d’être un statut défini et recoupe des propositions très diverses. Pour autant, en opérant autour d’organes de diffusion et de reconnaissance communs et très restreints, ces professionnels défendent, un temps, un champ unique qui serait capable de promouvoir toutes les diversités qui émergent en son sein. Des figures fortes – Otto Steinert, Chargesheimer, Liselotte Strelow, Toni Schneiders – sont archétypales de l’époque et donnent à la photographie professionnelle d’alors l’allure d’un cerbère dont les têtes seraient l’artiste bourgeois, l’artiste romantique et le photographe de commande. Si certaines reprennent les figures bien connues de l’artiste du 19ème siècle, d’autres sont inhérentes au champ de la photographie, démontrant son indépendance vis-à-vis de la sphère artistique. Loin de la mythologie usuelle, c’est bien cette indépendance matérialisée dans ces postures qui a permis à la photographie de s’affirmer comme un autre de l’Art et qui a soulevé l’intérêt progressif des instances artistiques.