Si l’histoire technique de l’Europe à l’époque moderne a longtemps été conçue selon une chronologie fondée sur la succession de pays leaders – au XVIIe siècle la France colbertiste et les Provinces-Unies, l’historiographie récente a déconstruit cette vision polarisée. La Savoie du XVIIe siècle a mobilisé de nouveaux savoirs techniques à des fins mercantilistes. Périphérie politique dans les Etats de la Maison de Savoie, en marge des grands centres d’innovation technique, elle est néanmoins un lieu d’expérimentation technique. Tout d’abord, elle fait appel à des experts spécialistes de la construction, de l’hydraulique et des savoirs miniers, venus de la France de Colbert, du Piémont cœur politique de la Maison de Savoie, des Provinces-Unies alors entrepôt technique de l’Europe et de l’empire allemand. En second lieu les voyages d’étude de l’ingénieur savoyard Cuenot montrent qu’il perçoit les lieux qu’il visite en France et dans l’empire allemand comme des centres de savoir technique. Enfin se pose la question de l’appropriation des savoirs importés et de leur adaptation locale.