Du point de vue d'un musicien, la qualité perçue de deux anches de clarinette en canne de Provence de même marque, même force et même coupe peut être extrêmement différente. Les fabricants peinent à prédire ces écarts et expriment le besoin de mieux comprendre la qualité de leur production. En ce sens, de nombreux chercheurs ont tenté d'expliquer ces grandes disparités de qualité par des indicateurs physiques comme la rigidité mécanique, les modes vibratoires ou encore le déplacement de l'anche en condition dynamique. Les résultats de ces travaux ne sont pas suffisants pour être concluants. Par ailleurs, des études microscopiques sur la structure interne du roseau ont révélé que les fibres de bois ne sont pas uniformément distribuées. Par conséquent, certains auteurs soutiennent que la qualité perçue est liée à la symétrie de raideur ou à la symétrie des modes de torsion de la pointe de l’anche. L’objectif final sera de vérifier cette hypothèse en confrontant les résultats d’une étude objective et d’une étude perceptive sur un panel d’anches identiques. Un banc de mesure de symétrie de raideur sera mis au point pour mesurer la symétrie de la pointe des anches. Simultanément, des clarinettistes évalueront la qualité globale des anches étudiées. En amont, une étude préliminaire est mise en place pour valider le protocole de l’évaluation perceptive. Le but est de vérifier que des anches sont perçues de la même manière par plusieurs clarinettistes et qu’un clarinettiste a un jugement de leur qualité constant dans le temps. Pour ce faire, deux clarinettistes testent deux fois le même panel d’anches avec le même bec sur deux sessions espacées d’une semaine.